Surnommé «L’homme qui répare les femmes », le Docteur Denis Mukwege ne limite pas son champ d’action au seul domaine médical. Devenu au fil du temps le porte-parole des Congolais, le Prix Nobel de la Paix 2018 n’a de cesse d’interpeller les Nations unies pour dénoncer les exactions commises dans le Sud Kivu et réclamer justice. Des déclarations qui lui valent aujourd’hui d’être menacé de mort, lui et sa famille.
Le Rotary Club et la Ville d’Ath ont souhaité apporter leur soutien au combat de leur membre et citoyen d’honneur et décidé de se joindre aux appels internationaux qui réclament une protection efficace pour Denis Mukwege, sa famille et les patients de l’hôpital de Panzi dont il prend soin. Son frère Emmanuel, présent pour l’occasion au début de cette semaine, a expliqué les enjeux et brossé un contexte géopolitique compliqué depuis bien (trop) longtemps.
Jean-Claude Malice, président du Rotary, a rappelé «les nombreux massacres, perpétrés encore aujourd’hui dans le Sud Kivu. Des exactions qui ont amené le Docteur Mukwege à interpeller l’ONU afin de publier le rapport Mapping».
Ce rapport, établissant les responsabilités et les principaux coupables des crimes de guerre commis en RDC, dort, semble-t-il, depuis des années dans les tiroirs onusiens. «Il demande aussi l’instauration d’un tribunal pénal international afin que la justice soit rendue. »
Des appels désormais relayés largement par l’opinion internationale. «On sent une levée de boucliers un peu partout et les langues se délient. Nous sommes à un moment crucial où la vérité pourrait éclater», souligne Emmanuel Mukwege. «Il faut briser le silence autour d’une impunité qui règne dans la région des Grands lacs depuis plus de 20 ans. C’est une étape essentielle pour connaître la paix car celle-ci ne peut pas être construite sur des fosses communes». Malgré une période difficile à vivre, il se réjouit de toutes les marques de soutien affichées à travers le monde, constituant une caisse de résonance qui, selon lui, représente la meilleure des protections à offrir à son frère et aux habitants du Sud Kivu.
Emmanuel Mukwege reprend les mots de Martin Luther King, un autre défenseur des droits de l’homme: «Une injustice commise quelque part dans le monde est une menace pour la justice partout dans le monde ».
© Stéphane BONGE L'Avenir